Fatou Ba Sene

Attachée de Recherche d'Enseignement, Université de Cergy Pontoise

«Très tôt j'ai voulu dénoncer les injustices subies par les femmes et les enfants des rues au Sénégal. J'y ai commencé des études de droit et après avoir remporté un concours de plaidoirie sur les droits de l'homme en Afrique, j'ai bénéficié d'une bourse pour faire une thèse en France. Ma recherche porte sur l'unité de l'ordre juridique international. Comment harmoniser les normes adoptées par l'ONU, l'Union Européenne ou par l'Union Africaine? La protection des droits de l'Homme devrait se déployer en partant de la base, encourager une dimension participative qui placerait en première ligne les destinataires de ces droits. Les discriminations dont les femmes font l'objet les excluent très tôt de la possibilité d'accéder aux postes de pouvoir, pourtant elles sont des actrices incontournables du développement économique et de la résolution des conflits politiques. Plus elles accèdent à une juste place d'actrices économiques et politiques dans une société, mieux celle-ci se porte.

L'ONU-Femmes a été créé pour protéger les droits des femmes au niveau international. Les textes adoptés restent proclamatoires car ils ne sont pas assortis de sanctions pour les États qui ne les respectent pas. Il faudrait impliquer tous les acteurs de terrain, appuyer financièrement les groupements de femmes sur place et  leur donner davantage d'outils pour protéger efficacement les droits des femmes et les médiatiser. Beaucoup d'hommes restent opposés à l'émancipation des femmes et à leur égalité en droit - à commencer par celui à l'éducation. Quand un État ratifie une convention internationale sur les droits des femmes, il doit prendre ses responsabilités et promulguer des lois d'application au niveau national. Les femmes doivent porter ce combat-là sur le terrain, demander à leurs représentants - députés et gouvernants -, de faire appliquer les conventions ratifiées. Ce ne sont pas les hommes qui le porteront à notre place!»