De l’amateur à l’auditeur, invention d’un média : la radio

Dès les toutes premières années du XX^e siècle, la technologie de la transmission du son à distance, la télégraphie sans fil ou TSF, suscite un intérêt qui dépasse très largement celui des scientifiques ou des militaires. Dans tous les pays du nord, des amateurs, que les Américains appellent « Radio-Hams », se réunissent en de très nombreux clubs et se saisissent de la nouvelle technique.

Ces amateurs contribuent à définir à la fois les objets, les idéaux et les programmes de la TSF avant la Première Guerre mondiale. Leurs participations jouent sur le format des récepteurs, sur leurs spécificités techniques et sur leurs modalités de diffusion et de commercialisation. Techniciens et amateurs partagent la même conception de la TSF comme instrument de libération par le progrès et comme medium de l’entente entre les peuples et les territoires qui s’appuie sur une utopie de la science et de la technologie libératrices. Ils contribuent à la définition du design des postes ce qui a une influence à la fois sur le format des programmes mais aussi sur les modalités d’écoute. L’auditeur se voit comme passeur entre les mondes, comme le montrent la promotion du bricolage et de la compétence technique du sans-filiste promus dans les journaux de vulgarisation scientifique de l’entre-deux-guerres. Les amateurs jouent enfin un rôle central dans la mise en place des programmes : la radio se constitue comme une sorte de loisir citoyen non pas dans le giron du service public, auquel elle était presque naturellement destinée en France compte tenu du monopole des transmissions, mais de manière indépendante, entre les mains des associations.

Le poste à galène est représentatif de ces modalités de diffusion de la TSF : il valorise les compétences techniques, autorise des expérimentations, permet de dépasser les contraintes budgétaires et facilite les dérogations aux prescriptions techniques ou administratives.

INTERVENANTE

Professeure des Universités, docteure en Histoire, Cécile Méadel a commencé sa carrière de chercheuse au Centre de sociologie de l’innovation (CNRS-Mines-PSL) avant de rejoindre l’Institut français de Presse de Paris-Panthéon-Assas ; elle y dirige le Centre d’analyse et de recherche interdisciplinaires sur les médias (Carism). Ses recherches portent sur les technologies de la communication et la mise en forme des usages et des usagers. Elle a travaillé sur le développement d’innovations numériques, sur la régulation de l’internet (de Bitcoin aux e.communautés) et sur la configuration industrielle et sociale des publics (en particulier les outils de quantification ou de recommandation). Ses publications sont disponibles sur HAL-Assas.

PROGRAMME DE JUIN

Thématique du mois : communication

• 13 juin : Les communs, antidote à l’industrialisation des communications numériques ? - Valérie Peugeot, chercheuse en sociologie du numérique
• 20 juin : De l’amateur à l’auditeur, invention d’un média : la radio - Cécile Méadel, Professeure des universités, Université Panthéon Assas - IFP, Directrice du CARISM, Chercheuse associée CSI - I3 - PSL- CNRS
• 27 juin : Télévision, anatomie d'un objet technique, social et politique - Isabelle Veyrat Masson, directrice de recherche au CNRS, spécialiste de communication médiatique

PARTENAIRES DU CYCLE

 Hesam Université - Musée des Arts et Métiers - AFAS - Mairie de Paris - Société d'Encouragement pour l'industrie nationale - Association Philotechnique - La Fondation La main à la pâte