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Simplement Afghanes

Simplement Afghanes

13 avril 2020

Accéder à l’éducation, exercer un métier ou tout simplement se soigner, autant de droits qui apparaissent comme élémentaires mais qui ont néanmoins été chèrement acquis par les femmes occidentales au XXe siècle. Car, si la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen date de 1789, on oublie trop souvent qu’elle ne s’adressait alors qu’à la population masculine.
Accéder à l’éducation, exercer un métier ou tout simplement se soigner, autant de droits qui apparaissent comme élémentaires mais qui ont néanmoins été chèrement acquis par les femmes occidentales au XXe siècle. Car, si la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen date de 1789, on oublie trop souvent qu’elle ne s’adressait alors qu’à la population masculine. Et qu’il faudra attendre 1907 pour que les femmes mariées disposent librement de leur salaire ; 1924 pour que les programmes d’enseignement secondaire soient identiques entre filles et garçons ; 1944 pour qu’elles disposent des droits de vote et d’éligibilité...

En Afghanistan, les droits des femmes continuent aujourd’hui encore à être bafoués et la marche vers une reconnaissance de leur place dans la société reste semée d’embûches. Outre que le pays est miné par plus de 35 ans de conflit, le poids des traditions et l’obscurantisme persistant sont profondément ancrés. C’est pourquoi l’association Afghanistan libre œuvre pour aider les femmes à améliorer leur existence et contribue ainsi à changer le regard de la société afghane sur les femmes. Cette organisation non gouvernementale a été créée en 1996 par Chékéba Hachemi, une femme au destin hors du commun.

Séparée de sa mère durant leur fuite, elle franchit à pieds, seule avec un passeur, la montagne qui sépare l’Afghanistan du Pakistan et arrive en France à l’âge de 11 ans. Diplômée d’une école de commerce et responsable export d’une multinationale à l’âge de 23 ans, Chékéba Hachemi aurait pu mener sa carrière sans se soucier de ses soeurs afghanes restées au pays. Mais, au début des années 90, la condition des femmes dans son pays natal qui subissent le joug du régime taliban la bouleverse et la pousse à agir. Elle fonde alors Afghanistan libre avec des amis afghans et français. Malgré les risques encourus, elle se rend régulièrement en Afghanistan pour mesurer les besoins et l’impact des actions menées. Elle y rencontre notamment le commandant Massoud et, à sa demande, fait construire l’école Malalaï pour fille dans le Panjshir. Et, l’éducation reste sa priorité parce qu’« une femme éduquée et indépendante financièrement est la plus grande arme que nous puissions posséder contre l’obscurantisme ! ». Pour preuve, dès la prise de Kaboul en septembre 1996, les talibans ont adopté une liste impressionnante de règles niant les droits fondamentaux des femmes dont la fermeture des écoles pour filles.

Alors, même si son action est régulièrement critiquée parce que « les programmes humanitaires d’urgence et alimentaires semblaient plus "adaptés" à la situation », Chékéba Hachemi ne s’en soucie guère. Dotée d’une forte personnalité, elle refuse de baisser les bras ou de se plier aux convenances lorsqu’elles sont susceptibles de la détourner de son objectif. Ainsi, deux ans après avoir été nommée par le président Hamid Karzaï, elle donne, sans hésitation, sa démission du poste de ministre-conseil en dénonçant la corruption du régime. Outre sa présidente très énergique, Afghanistan libre peut compter sur une excellente implantation locale, les conseils des sages sont associés à chaque projet, et sur un maillage important d’hommes et de femmes s’impliquant sur le terrain.

Sophie Grallet

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