Noro Ravoavahy

Architecte, Labex AE&CC, Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble

« Petite, j'avais pour modèle ma pédiatre, une femme très attachante. Il y a des  personnages dans la vie qui vous marquent et vous servent de modèles. Jusqu'au jour où, en classe de troisième, j'ai effectué mon stage à l'hôpital pour découvrir la profession du pédiatre en milieu hospitalier. J'y ai rencontré une chirurgienne pédiatre, et j'ai eu envie de devenir chirurgienne pédiatre comme elle. L'année du bac tout a changé, j'ai choisi les matières qui m'intéressaient : les maths, le dessin et les langues et donc j'ai fait... architecture. Puis mes recherches sur Madagascar, concernant les différences culturelles de construction et d'aménagement entre l'hémisphère nord et l'hémisphère sud, m'ont dirigée vers les questions de l'environnement et du climat. Au fur et à mesure, je me suis intéressée aux territoires insulaires exposés aux risques naturels dans la région Ouest de l'océan Indien, en particulier à ceux dotés d’une culture constructive en terre crue.

Le laboratoire CRATerre s'intéresse aux architectures de terre à travers le monde. Je me suis alors spécialisée dans ce domaine pour travailler dans des secteurs d’habitations de terre où les risques sanitaires et naturels sont fortement concentrés. La terre crue est un matériau économique intéressant par sa disponibilité, sa résistance et ses propriétés thermiques. Apparue avant la profession d'architecte, l'architecture de terre est issue de l'intelligence sensible de populations qui ont su observer leur environnement et comprendre les propriétés des matériaux locaux sans avoir nos connaissances scientifiques. La mosquée de Djenné, le M’zab en Kabylie ou les « maisons-tours au Pays de la Reine de Saba »(Yémen) témoignent de sa durabilité . Mais ces savoirs ont été discrédités pour diffuser la culture du béton, et cautionner son mode constructif. De nos jours, l’intérêt pour la construction en terre revient peu à peu grâce à la recherche scientifique.»