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Jean-Marc Monteil - Les sciences du comportement : une recherche d'interfaces

Leçon inaugurale

19 janvier 2011

Durée : 89 minutes
Si personne ne conteste sérieusement aujourd'hui le fait que la formation du cerveau soit l'œuvre d'une programmation génétique, chacun s'accorde aussi pour reconnaître qu'il s'est néanmoins introduit dans l'espèce humaine une sorte de jeu dans l'exécution du programme. Ce jeu que l'on nomme épigenèse, interdit de parler de déterminisme strict. Dès lors l'étude des comportements et de leurs expressions différenciées selon les contextes, demeure nécessaire pour la compréhension des phénomè
Si la distinction entre recherche fondamentale et recherche appliquée s'estompe, la science a néanmoins sa logique propre de développement et chaque discipline scientifique aussi.
La science n'est donc pas seulement une réponse à des besoins de la société ; néanmoins, la connaissance est aussi un besoin social. C'est ainsi que les sciences du vivant et les sciences de la matière font l'objet d'une demande sociale et répondent à des besoins liés à la santé et à l'environnement par exemple. En revanche, la demande sociale qui s'exprime à l'endroit de l'explication des «comportements», qu'ils soient individuels ou collectifs, demeure moins explicite. Or, le comportement appartient en propre à l'espace scientifique avec ses théories, les connaissances qui le définissent et les usages qui peuvent en découler.
Abordé du point de vue scientifique, le comportement peut être considéré comme l'expression épigénétique de l'individu. En effet, si personne ne conteste sérieusement aujourd'hui le fait que la formation du cerveau soit l'oeuvre d'une programmation génétique, chacun  s'accorde aussi pour reconnaître qu'il s'est néanmoins introduit dans l'espèce humaine, plus que dans les autres espèces, une sorte de jeu dans l'exécution du programme. Ce jeu que l'on nomme épigenèse, interdit de parler de déterminisme strict. Dès lors, l'étude des comportements (de la motricité la plus élémentaire aux comportements intellectuels les plus complexes) et de leurs expressions différenciées selon les contextes, demeure nécessaire pour la compréhension des phénomènes vivants.
C'est pourquoi la biologie et les sciences du comportement sont à définir par les mêmes fondements éthiques : la diversité comme principe organisateur et l'expression de cette diversité comme valeur.
Dans cette conception, on peut accepter, au moins à titre heuristique, la définition suivante du comportement : le comportement est la réponse d'un organisme biologique à une situation, à un environnement ou encore à ses propres stimulations internes. Individuels ou collectifs, les comportements peuvent donc être générés ou régulés par de multiples contextes internes ou externes aux individus. C'est pourquoi leur étude conduit, ou devrait conduire, à engager plusieurs disciplines et relève, ou devrait relever, de plusieurs niveaux d'explication : psychologique, biologique, sociologique, économique, par exemple. Chacun des domaines du savoir impliqué par ces niveaux d'explication est susceptible de partager, plus ou moins partiellement, méthodes et techniques (simulation, expérimentation par exemple...) avec d'autres, mais aucun n'est à lui seul capable de rendre compte de l'ensemble des déterminants et mécanismes du comportement. D'où une «position carrefour» de «l'objet comportement» qui définit un domaine pluridisciplinaire et du même coup des champs d'applications multiples.
Si l'on adopte ce type de « perspective scientifique », il est alors légitime que des univers de pratiques tels que ceux de l'éducation, de la santé, de l'économie, de la gestion des ressources humaines, de la justice, de la prise de décision, par exemple, soient, ou deviennent, des lieux d'élection à la fois pour la recherche et pour les applications dans le domaine du comportement. Il en est ainsi des performances cognitives humaines, par exemple en contexte scolaire.