Nicolas-Jacques Conté

Made in Cnam

Démonstrateur et administrateur du Conservatoire (1794-1805)

Nicolas Jacques Conté  au Cnam vu par C215
 

Alors que la toute jeune République française rêve d’exporter ses idées révolutionnaires, que ses armées lancent l’offensive sur tous les fronts et multiplient les conquêtes, la flotte de la perfide Albion impose à la France un strict blocus maritime. Conséquence inattendue : les livraisons de crayons made in England comme celles de plombagine, matière première provenant des sous-sols du Cumberland devenue indispensable à la fabrication des mines, se raréfient.

Or, l’approvisionnement des officiers comme des ingénieurs et topographes militaires en crayons de qualité supérieure est, à cette époque, l’un des nerfs de la guerre. Face à la menace de pénurie, la Convention sollicite donc celui qui, selon le  mathématicien Monge, a «toutes les sciences dans la tête et tous les arts dans la main». Un peintre dont les talents de portraitiste lui ont permis de quitter sa Normandie natale pour conquérir les notabilités parisiennes. Un savant dont les expérimentations sur l’hydrogène ont offert à son pays l’occasion de consolider son avantage militaire dans le domaine aérostatique.


Le 11 pluviôse an III (3 janvier 1795), le « citoyen Nicolas-Jacques Conté, de Paris, inventeur, un des membres du Conservatoire des arts et métiers », dépose un brevet de dix années pour la fabrication de crayons artificiels. En quelques jours, le peintre-savant est ainsi parvenu à substituer la plombagine  angliche par un procédé naturel à base d’argile et de mine de plomb.

Malgré ses 220 ans, cette invention reste aujourd’hui encore incontournable dans les ateliers d’artiste comme les trousses d’enfant où elle côtoie souvent son plus fidèle compagnon de route, le taille-crayon, inventé par Bernard Lassimone en 1828. Elle est même devenue, ces dernières semaines, le symbole de la liberté  d’expression. Alors n’oubliez pas, comme le déclarait dernièrement Malala Yousafzai, prix Nobel de la paix, à la tribune des Nations-Unies, qu’ « un enfant, un professeur, un livre, un crayon peuvent changer le monde » !

Sophie Grallet & Yvan Boude