Jules Amar

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Directeur du laboratoire de recherches sur le travail musculaire professionnel (1913-1920)

« Le travail ouvrier est un des plus intéressants problèmes de la mécanique appliquée aux sciences naturelles ». Cette citation, tirée du livre de Jules Amar intitulé Le moteur humain et les bases scientifiques du travail professionnel, peut faire sourire, ou frémir. L’ouvrier, une machine comme une autre ? Il faut se replacer dans le contexte de l’époque, juste avant la Première Guerre mondiale. Thermodynamique, nutrition, biomécanique : à l’aide de disciplines nouvelles, les scientifiques réinventent un monde rationnel et mécaniste à l’extrême.


En juillet 1914, Jules Amar est nommé directeur du laboratoire de recherches sur le «travail musculaire professionnel» au Conservatoire. Mais, la Grande Guerre qui éclate au même moment va bouleverser la vie de millions de personnes, et la carrière de Jules Amar par la même occasion. Son laboratoire va devoir se consacrer à la création de prothèses pour les nombreux soldats mutilés. Technicien hors pair, il crée et utilise des instruments ultra modernes, inventaire à la Prévert dont la complexité des noms confine à la poésie : arthrodynamomètre, cycle ergonométrique, chirographe, poire dynamographique, varlope inscrivante…


Le perforateur automatique qu’il invente fait sa fierté : il permettra sûrement à « quelques milliers de manchots » d’assurer le métier de poinçonneur, « par mutation avec des ouvriers normaux ». Il fait aussi breveter plusieurs modèles de prothèses dont l’extrémité peut être dotée, en fonction des besoins, d’une « pince universelle, simple ou automatique » ou « d’une main de parade surmontée d’une gaine en cuir ».


Un centenaire plus tard, cette alliance fonctionnelle de la chair et du métal est en passe de devenir réelle.
 


VH