Claude Servais Pouillet

Made in Cnam

Professeur de physique appliquée aux arts (1829-1851) - Directeur du Conservatoire (1831-1849)

Claude Servais Pouillet au Cnam vu par C215

Le 15 mai 1846, le directeur, le président du Conseil de perfectionnement et six professeurs du Conservatoire accueillent Ibrahim Pacha pour une visite officielle de l’établissement dédié «aux merveilles de la sciences et de l’industrie». Le fils aîné du vice-roi d’Égypte parcourt avec attention l’ensemble des galeries et manifeste un intérêt tout particulier pour celle consacrée à l’agriculture où il manie d’ailleurs, devant une foule aussi considérable que médusée, les charrues, faux et machines à battre le blé exposées. La visite se termine dans le cabinet de physique de Claude Servais Pouillet pour quelques expériences d’électricité. Là, «l’un des plus illustres représentants de l’Orient» et sa suite suivent alors
avec une «ardente curiosité les phénomènes que l’habile professeur fait passer sous leurs yeux» comme le relate l’envoyé spécial du quotidien La Presse.

Habile? L’adjectif peut paraître curieux pour caractériser un professeur de physique appliquée aux arts ! Sauf si l’on s’accorde sur sa signification et que l’on se souvient de celle proposée par Voltaire dans son Dictionnaire philosophique : « l’habile homme est celui qui fait un grand usage de ce qu’il sait; le capable peut, et l’habile exécute».
 
Habile, dans cette acception, Claude Servais Pouillet l’est sans aucun doute. C’est d’abord un habile enseignant qui, grâce à ses démonstration claires et nettes toujours appuyées par des expériences, sait captiver l’attention de son auditoire. C’est ensuite un habile scientifique qui a notamment donné son nom à une échelle permettant d’apprécier la température interne d’un four en fonction de la couleur de son émission lumineuse, et à deux lois dans le domaine de l’électrocinétique. C’est enfin un habile inventeur à qui l’on doit aussi bien le pyromètre magnétique pour la mesure des températures, la boussole des tangentes pour celle de l’intensité électrique ou le pyrhéliomètre, pour celle de la constante solaire.
 


Yvan Boude